mercredi 12 septembre 2012

Séléction naturelle et placebo


L'effet placebo existe chez les humains (y compris les nourrissons), mais aussi chez les animaux. Encore mal connu, son effet reste réel et il est le fond de commerce de nombreuses pseudo-sciences.



Lorsque nous sommes victime d'un mal relativement léger, il semble que nous soyons capables de nous auto-soigner avec une pilule ou une manipulation magique, une substance qui ne contient rien (e.g. homéopathie) ou toute autre technique pouvant matérialiser une volonté de guérir.

La question légitime que l'on peut se poser est alors la suivante:

Si l'on est capable de s'auto-soigner, pourquoi avoir besoin d'un substance inactive pour déclencher la guérison ? Pourquoi la sélection naturelle n'a-t-elle pas favorisé l'auto-guérison spontanée et ne nécessitant aucune substance ?
En d'autres termes, l'effet placebo représente-t-il un quelconque avantage sélectif ou est-il aussi inutile que les organes vestigiaux ?

C'est sur cette question que s'est penché Peter Trimmer de l'université de Bristol au Royaume-Uni.

La réponse qu'il apporte est la suivante: le système immunitaire consomme beaucoup d'énergie pour s'activer. Alors, tant que l'infection n'est pas très grave, il vaut mieux ne pas l'activer inutilement et ainsi risquer d'épuiser les réserves énergétiques du sujet malade.
L'idée avait déjà été évoquée il y a une dizaine d'années mais c'est la première fois que des simulations informatiques valident le modèle.

Prenont un exemple. Les hamsters Sibériens perçoivent inconsciemment que c'est l'été et "savent" alors que les ressources sont suffisantes en cette saison pour déclencher une réponse immunitaire. Il réagissent alors favorablement à un traitement placebo car ce dernier a de fortes chances de réduire l'infection sans risquer d'affaiblir l'organisme (l'été, les ressources sont abondantes).

Plus généralement, dans des environnements changeants et hostiles, le modèle montre que les individus qui résistent aux infections sans déclencher de réponse immunitaire vivent plus vieux et se reproduisent plus. En revanche, dans des environnements plus favorables, il est plus efficace de déclencher une réponse immunitaire et de retrouver rapidement un état de santé optimal. C'est précisément ce que permet l'effet placebo.

Allons plus loin maintenant (c.f http://www.humphrey.org.uk/)...
L'agriculture et toutes les innovations des 10000 dernières années permettent d'assurer à l'être humain des ressources énergétiques et alimentaires suffisantes (pas par tous malheureusement, mais c'est une autre histoire...) pour permettre un déclenchement quasi systématique de notre système immunitaire. Alors pourquoi ne le faisons nous pas ? Car notre cerveau n'est pas encore adapté à ces fastes conditions. Le placebo vient alors convaincre le cerveau que le moment est propice au déclenchement de notre réponse immunitaire.

Paul Enck, de l'Université de Tübingen en Allemagne, souligne que les réponses aux placebo sont diverses selon les affections, et que ce modèle ne peut vraisemblablement pas les expliquer toutes.

Reste que si dans 10000 ans, la sélection naturelle dote nos descendants de ce mécanisme non-aidé d'auto-guérison, cela sonnera le glas de certains laboratoires et de nombre de charlatans .


Pour en savoir plus: