Le film satirique américain "Idiocracy" sorti en 2007 relate l'histoire d'un cobaye humain mis en hibernation pendant 500 ans. Il se réveille dans une société américaine totalement abêtie dans laquelle le Q.I. moyen est extrêmement bas. L'introduction est particulièrement intéressante car elle "explique" avec humour comment les familles les moins cultivées se sont reproduites à grande vitesse alors que les couples instruits ont fait de moins en moins d'enfants.
Cette idée illustre l'effet dysgénique, hypothèse selon laquelle la société et la médecine peuvent permettre la reproduction d'individus que la sélection naturelle aurait empêchée.
Le film rappelle aussi qu'évolution n'est pas synonyme d'amélioration et que l'évolution de l'humanité peut parfaitement aller dans le sens d'une régression intellectuelle.
C'est précisément l'objet de l'article du généticien de Stanford Gerald R. Crabtree qui prétend que si un Athénien vivant 1000 ans avant JC débarquait parmi nous, il serait vraisemblablement plus intelligent et vif d'esprit que nous.
Crabtree explique que nos capacités intellectuelles sont principalement dues à la combinaison complexe d'un ensemble de gènes (au moins 10% de notre génome). Durant les 120 générations qui nous séparent de l'Antiquité, il s'est forcément produit certaines mutations néfastes pour notre intelligence.
Or les individus porteurs de ces gènes néfastes auraient disparus sans l'assistanat de notre société actuelle, selon Crabtree. Avant (comprendre avant que la société / médecine ne nous viennent en aide), ces défauts d'intelligence étaient fatals: un mauvais comportement en chassant un animal dangereux, une difficulté à trouver un bon abris pour l'hiver, et c'était la mort assurée. Aujourd'hui, de nombreuses aides viennent contrebalancer certaines inaptitudes ou maladies génétiques et permettre qu'elles se transmettent à notre descendance.
Ces travaux sont controversés, mais l'hypothèse plausible d'une société décadente à l'image du film "Idiocracy" est plus que jamais d'actualité.
Quant aux responsables de ce possible scénario catastrophe, un détail de formulation me dérange: l'opposition Homme vs Nature.
La "Nature" élimine les individus mal adaptés alors que "l'Homme" protège ceux qui lui conviennent. Certes la domestication, l'apparition de l'agriculture, la sédentarisation, la médecine ont de toute évidence joué un rôle dans l'impact de la sélection naturelle. Cependant, j'aime toujours aussi peu la frontière auto-proclamée qui place l'homme en dehors de la Nature. Au final, l'action de l'Homme peut être vue comme une facette certes plus indirecte mais tout aussi légitime de la sélection naturelle.
Pour dire les choses autrement, si dans le futur, nous finissions tous obèses à regarder des émissions de télé-réalité et à voter pour des acteurs (c'est pas déjà le cas ?) , la sélection naturelle sera responsable :)
Pour en savoir plus:
Our Fragile Intellect Part I
Our Fragile Intellect Part II
2 comments:
L’hypothèse d’un effet dysgénique, selon laquelle "la société et la médecine peuvent permettre la reproduction d’individus que la sélection naturelle aurait empêchée" est entièrement basée sur l’idée que la sélection naturelle va a l’encontre d’une organisation sociale. Hors d’après Darwin, c’est bien l’évolution qui a mené chez les mammifères a l’apparition de comportements moraux.
"Durant les 120 générations qui nous séparent de l'Antiquité, il s'est forcément produit certaines mutations néfastes pour notre intelligence."
Oui, et il s'est peut-être produit autant (voire plus?) de mutations bénéfiques pour notre intelligence.
Enregistrer un commentaire