La morale, les notions de bien ou de mal sont souvent pour beaucoup la chasse gardée des religions et sont considérées comme relevant de l'apprentissage de valeurs dites culturelles.
Pourtant, certains éthologues tel Richard Dawkins ont suggéré que la morale pourrait être inscrite dans nos gènes. Ainsi, nous pourrions la considérer comme le résultat de la sélection naturelle : savoir distinguer le bien du mal aurait permit à l'espèce humaine de survivre.
La théorie a de quoi séduire, elle implique en effet qu'il existe un socle biologique de valeurs morales, commun à tous les êtres humains. Cela n'exlut en rien l'existence de valeurs culturelles complémentaires, mais ces dernières variant en fonctions des civilisations sont par définition plus subjectives.
Cette belle explication, déjà appuyée par certaines constatations (expériences en psychologie, éthologie), pourrait se voir renforcée aujourd'hui par la découverte de deux chercheurs.
Dilip V. Jeste psychiatre et neuroscientifique ainsi que son collègue Thomas Meeks ont pu observer grâce à l'imagerie médicale une zone du cerveau qui serait le siège de la morale.
Cherchant à savoir quels neurotransmetteurs étaient utilisés et quelles parties du cerveau étaient actives lorsque le patient devait faire des choix moraux (tolérance, gestion de l'ambiguïté, sagesse, altruisme...), ils ont découvert grâce à l'IRM les régions concernées :
- le cortex préfrontal dorso-latéral semble impliqué dans le contrôle des émotions et la gestion des ambiguïtés. Il se chargerait de la partie rationnelle, calculatoire.
- le cortex préfrontal ventromédian jouerait un rôle dans l'empathie, la morale, la prise de décision et gère les émotions et la sociabilité.
- le cingulé antérieur permettrait de gérer les conflits
- le stiatrum limbique, quant à lui, s'occuperait de la récompense / punition
Ainsi, la sagesse humaine semble impliquer dans un subtil équilibre des régions du cerveau primitif (sysème limbique) ainsi que des régions plus récentes (le cortex pré-frontal, apparu bien plus tard dans l'évolution des espèces).
Ces découvertes nous permettrons peut-être un jour de soigner de nombreux problèmes comportementaux, mais aussi des cas comme celui de Phineas Gage. Cet ouvrier eut en 1848 un accident au cours duquel une barre de fer traversa sa tête. Il survecu à ses blessures et sembla avoir conservé intactes ses facultés mentales. En revanche, son comportement changea radicalement. Auparavent sociable et aimable, il devint grossier et colérique suite à son accident....
source: UC Dan DiegoPS: j'ai hésité à utiliser dans le titre "culturel ou génétique". Mais, trouver le siège de la morale dans le cerveau est une chose (c'est le propos de la découverte citée), dire que le fonctionnement de cette zone est uniquement conditionné par les gènes en est une autre.
En effet :
- les gènes ne sont pas les seuls à intervenir dans la sélection naturelle
- les travaux en épigénétiques montrent que la frontière entre inné et acquis est bien plus floue que la vision que nous en avons
Il était donc plus sage d'utiliser le terme "biologique".
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