Enlever sa veste, fouiller dans ses poches, puis retirer sa ceinture avant de se déchausser rapidement, tout le monde a déjà vécu cela...dans les aéroports. Les fouilles aléatoires font partie du quotidien pour tous les voyageurs de notre temps. On peut légitimement se questionner sur l'efficacité de ces mesures de sécurité.
En particulier il est mathématiquement sensé de se demander si l'aspect aléatoire des fouilles est d'une efficacité optimale. Lorsque la police recherche un malfaiteur, il en est fait un portrait robot, et s'il s'agit d'un grand blond type scandinave, alors nul besoin de fouiller des pygmées.
D'où le problème soulevé par certains scientifiques et politiques américains et anglais afin d'aider à améliorer la sécurité des systèmes de sécurité: est-ce que fouiller en priorité une catégorie de la population selon des critères (pays d'origine, origine ethnique, culturelle, signes physiques distinctifs, etc..) correspondants au profil type du criminel/malfaiteur/terroriste recherché est efficace ?
Evidemment, le fait même de l'évoquer soulève de nombreux problèmes éthiques, et on peut aisément imaginer la contre productivité de ce type de mesures chez tous les innocents fouillés de façon répétée, ainsi que la dangereuse stigmatisation (mot très à la mode) d'une partie de la population.
Mais, restons dans la suite sur un point de vue strictement mathématique.
La théorie
Une étude montre que contrairement aux idées reçues et surtout à notre intuition, classer les gens par "risque" décroissant et les fouiller dans cet ordre n'est pas plus efficace qu'une fouille aléatoire.
Cela est du en partie à trois points:
- en utilisant cette technique, les gens innocents qui sont décrits par le "portrait robot" sont fouillés trop souvent
- le profil type des personnes à risque est difficile à établir
- puisqu'il n'y a pas d'historique, vous pouvez être fouillé plusieurs fois
En revanche, l'étude montre qu'il est optimal de fouiller les gens en fonction de la racine carré du risque qu'il ont d'être des criminels potentiels. Autrement dit, il est naturel de fouiller en priorité la population "à risque" mais pas linéairement en fonction de ce risque.
Dit encore autrement, cela est plus efficace mais pas autant que ce à quoi l'intuition nous prépare.
La pratique:
Le recours au hasard est facile à mettre en place et est très efficace.
La technique de la racine carrée est plus efficace, mais aussi plus difficile à mettre en place.
L'échantillonnage par la racine carrée permet de sélectionner des groupes considérés comme cent fois plus dangereux selon une gamme diverse de critères. Par exemple, les personnes retenues seraient inspectées au hasard dix fois plus souvent que les autres passagers.
Les facteurs de risque devraient être stockés dans un ordinateur qui appliquerait automatiquement la règle de la racine carrée. Ainsi, lorsque les voyageurs passeraient dans un portique de sécurité à l'aéroport, l'ordinateur avertirait les autorités du risque présenté par l'individu.
Conclusion:
- En théorie, le profilage selon des critères ethnique/culturel/etc... est plus efficace que la fouille aléatoire, mais pas autant que ce à quoi l'intuition nous prépare. Une fois de plus, méfions nous de l'intuition.
- En pratique, il est (trop) difficile et coûteux à mettre en oeuvre à ce jour.
Mais de là à résumer les résultats de ces études par ce genre de titres...:
- study: racial profiling no more effective than random screen (étude: le profilage ethnique pas plus efficace que les fouilles aléatoires)
- Le profilage ethnique jugé inefficace
...il y a un fossé que de certains franchissent allègrement (même si l'on peut comprendre les motivations idéologiques et humanistes très louables sous-jacentes).
Travestir ainsi les résultats, c'est dé-crédibiliser la science. Il y a plein de bonnes raisons pour ne pas limiter la fouille à une catégorie trop restreinte de la population (pratiques, éthiques, sociales). Nul besoin pour cela que les journalistes fassent mentir les chiffres.....
Pour en savoir plus:
Le profilage ethnique jugé inefficace
La publication scientifique est disponible ici.
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