mardi 17 mars 2009

paveant illi, ego non pavebo

En lisant Schopenhauer ce week end (l'Art d'avoir toujours raison), j'ai découvert une anecdote amusante (qu'elle soit vraie ou pas). Un curé français qui refusait de paver devant sa rue (comme devait le faire tous les autres citoyens), utilisa une citation biblique afin de se soustraire à ses obligations légales.
Il dit "paveant illi, ego non pavebo" (extrait complet ici)
Le conseil municipal fut convaincu, sans doute parce qu'il traduisit de façon hâtive:
"Qu'ils pavent, moi je ne paverai pas."
Le problème est qu'en latin, pavere signifie craindre, avoir peur.
La traduction est donc:
"Qu'ils craignent, moi je ne craindrai pas"
L'ouvrage de Schopenhauer date certes de 1830, mais les techniques dialectiques qu'il décrit sont malheureusement toujours d'actualité  dans notre monde (non, je ne donnerai pas d'exemples) .
Ce qui a marché à l'époque pour cet ecclésiastique fonctionne toujours aujourd'hui, et les arguments d'autorité sont légion, qu'il s'agisse d'une autorité réelle (un prix nobel qui donne son avis sur un sujet qui n'est pas le sien), ou pas (dans le cas du curé). Et plus les termes employés sons abscons, plus l'effet obtenu est grand.
Il est bon de connaître ces techniques, afin de développer une certaine autodéfense intellectuelle (j'aime bien cette expression des zététiciens) et d'éviter de se faire piéger par de spécieux raisonnements.

1 comments:

prince2phore a dit…

plus généralement et concernant l'auto-défense intellectuelle (je ne suis pas sûr d'ailleurs que le terme soit d'origine zététicienne, cf http://www.homme-moderne.org/societe/politics/nbaillargeon/autodef/extraits1.html) je conseillerai la lecture de Peter Watkins, Media crisis et plus largement toute critique et étude sur les médias modernes. La manipulation et l'inculcation des idées reçues se fait là, et à grande échelle :)